Propositions de l'Ireps Grand Est dans le cadre de la consultation publique du PNSE4
Jusqu’au 9 décembre 2020, citoyens, professionnels et associations sont appelés à donner leur avis concernant le quatrième Plan National Santé Environnement (PNSE4). A cette occasion, l'Ireps Grand Est s'exprime pour un plan plus ambitieux qui n’aurait pas pour objectif seulement de réduire les expositions environnementales mais aussi les sources de ces expositions.
Pour une gouvernance représentative de tous les acteurs de la santé environnement et de la population
Dans la composition du Groupe santé environnement (GSE) qui est chargé de suivre et d’orienter les actions du PNSE au niveau national, n’apparaissent aux côtés des pouvoirs publics et des acteurs de l’environnement que des acteurs du monde économique et de l’emploi. Dans une vision plus globale de la Santé Environnement, il serait intéressant d’y associer des professionnels du social, du médico-social, du sanitaire, de la culture et de l’éducation. Concernant la représentation de la population, nous proposons notamment d’associer, au-delà des associations de consommateurs qui situent la participation de la population dans une logique économique, des représentants de la population dans une logique citoyenne.
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Diagnostic et priorisation
Comment ont été déterminés les quatre axes prioritaires : sont-ils issus d’un diagnostic ? Si oui, est-ce un diagnostic basé sur des données issues de la littérature ? D’observations de professionnels ? De quel type de professionnels ? Des acteurs du social, médico-social ? Y at-il une prise en compte des préoccupations de la population ? La population a-t-elle été associée à l’identification des problématiques et priorités ? Quelle participation ?
Objectifs et évaluation
Le plan ne contient pas ou peu d’objectifs évaluables portant sur des résultats ni d’indicateurs (de résultat).
Plan d'actions
Il est difficile de percevoir la cohérence et le lien entre les différentes actions proposées. Par ailleurs, ces actions sont principalement tournées sur les risques et la responsabilité individuelle.
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La responsabilité collective…
Le PNSE4 cible essentiellement les comportements individuels et « les bons gestes » pour se préserver de risques souvent évitables. Ces risques ne sont pas une fatalité. Leurs sources et leurs causes ne sont pas traitées directement dans ce plan, notamment lorsqu’il propose de simples « incitations » auprès des industriels ou de tout autre contributeur de ces risques. De plus, les inégalités sociales et territoriales de santé ne constituent pas un enjeu de ce plan.
C’est pourquoi, nous pensons qu’il est nécessaire que le PNSE4 intègre avant tout une approche politique et réglementaire. Ceci permettrait :
- De donner réellement aux pouvoirs publics et aux collectivités, les moyens financiers et réglementaires, d’agir sur les contextes et les environnements de vie de la population, et notamment des plus fragiles.
- De prendre en compte le « pouvoir faire » et les contextes inégaux dans lesquels les personnes évoluent.
… pour dépasser la responsabilité individuelle
- Le PNSE4 centre essentiellement ses propositions d’actions auprès des publics sur de l’information et de la « sensibilisation ». Il a été démontré scientifiquement que ces types d’actions partielles sont souvent inefficaces et renforcent les inégalités sociales de santé (cf. par exemple les travaux de P. Perreti-Watel).
- Il est notamment nécessaire de prendre en compte le niveau de « littératie » en santé des personnes, c’est-à-dire « les caractéristiques personnelles et les ressources sociales nécessaires des individus et des communautés afin d’accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information et les services pour prendre des décisions en santé » (Cf Organisation mondiale de la santé). Cette prise en compte est d’autant plus importante que le PNSE4 est fortement axé sur le développement des outils d’information numérique. A ce sujet, il est également nécessaire de porter une attention particulière à la fracture numérique (problèmes d’équipement, de couverture internet, de maîtrise de la technicité, des usages…).
- De même, les propositions d’actions n’intègrent pas à sa juste place la participation de la population, gage d’efficacité. Au-delà d’une simple consultation, il s’agit d’associer la population à la construction des solutions et la prise de décisions (cf. modèle de Hance par exemple).
Voici notre contribution synthétique, qui pourra être précisée et détaillée si besoin par l’Ireps Grand Est.